Sabalenka conserve sa couronne à New York
Aryna Sabalenka n’a laissé aucune place au doute. La n°1 mondiale a dominé Amanda Anisimova 6-3, 7-6(3) en finale du US Open 2025 et réussi ce que personne n’avait fait depuis Serena Williams en 2014: gagner deux éditions d’affilée à Flushing Meadows. Une victoire propre, maîtrisée, qui scelle un quatrième titre du Grand Chelem pour la Biélorusse.
Le décor était puissant: Anisimova, 23 ans, Américaine, revenue d’un cinglant 6-0, 6-0 subi à Wimbledon face à Iga Swiatek, retrouvait une finale majeure à domicile. Elle a tenu le choc mental, a frappé 22 coups gagnants, a osé. Mais Sabalenka a mieux géré le tempo et la pression. Le premier set s’est joué sur la rigueur: un break tardif, des retours lourds, et cette impression constante que la favorite dictait l’échange dès les deux premiers coups de raquette.
Dans la deuxième manche, le bras de fer a pris. Anisimova s’est accrochée, a accepté quelques rallyes plus longs, a tenté d’écarter Sabalenka avec son coup droit long de ligne. L’Américaine a eu des séquences brillantes, le public a poussé, et les échanges ont gagné en intensité. Au moment crucial, le tie-break, Sabalenka a haussé le ton: première balle retrouvée, retours profonds, trajectoires sans risque inutile, et un 7-3 net pour plier l’affaire.
La clé? Un ajustement simple et efficace. Sabalenka a décalé sa position de retour d’un pas pour casser le rythme, a joué plus plein centre pour enlever les angles, puis a serré la vis sur la diagonale revers d’Anisimova avant d’ouvrir le court côté coup droit. Cette longueur de balle a reculé l’Américaine d’un bon mètre, l’empêchant de frapper en appui. Sous pression, Anisimova a concédé des fautes directes dans les filières qu’elle aime d’ordinaire dominer.
Il y a aussi l’histoire du service. Anisimova a eu des trous d’air: quelques premières balles manquées au pire moment, des secondes attaquées, et plusieurs doubles fautes dans des séquences clés. Sabalenka, elle, a accepté de ne pas chercher l’ace à tout prix, privilégiant la précision au T et les zones au corps pour obtenir des retours neutres. Cette prudence calculée lui a permis d’installer son schéma d’attaque sans s’exposer.
Si Anisimova a inscrit 22 coups gagnants, l’équilibre a penché dès que les échanges dépassaient quatre frappes. Sabalenka a imposé une forme de patience agressive: pas de précipitation, un coup de plus dans le court, un contre-pied quand il fallait. L’Américaine a tenté de prendre de vitesse, mais la n°1 a constamment remis une balle lourde, parfois sans chercher la ligne, juste pour faire travailler. Petit à petit, le plan a grignoté la confiance adverse.
- Gestion des points importants: tie-break du 2e set remporté 7-3 par Sabalenka, sans frayeur.
- Retour de service: la Biélorusse a neutralisé la première balle d’Anisimova en fermant les angles et en jouant profond plein centre.
- Longueur et sécurité: peu de prises de risque inutiles, mais une balle lourde qui a repoussé l’Américaine.
- Expérience: Sabalenka a joué sa 4e grande finale victorieuse, avec des choix clairs et une routine sans panique.
Ce doublé à New York place Sabalenka dans une case rare. De Serena Williams à aujourd’hui, peu ont réussi à verrouiller la défense de titre sur Arthur Ashe. Ce trophée complète un palmarès qui commence à dessiner une constante: une joueuse capable d’écraser des semaines entières sans s’épuiser au moment de conclure. Elle consolide par la même occasion son fauteuil de n°1, avec une marge qui se mesure moins en points qu’en maîtrise des moments chauds.
Pour Anisimova, la soirée laisse un goût contrasté, mais elle marque une vraie avancée. Oui, la défaite est sèche au regard des ambitions. Mais le chemin parcouru depuis sa finale de Wimbledon, bouclée sur un score traumatisant, est réel. Elle a retrouvé du coffre, du cran dans le bras, et une intention claire de prendre la balle tôt. Sa trajectoire est de nouveau ascendante, et cela se voit dans la qualité des choix: plus de variations de hauteur, davantage de balles croisées courtes pour ouvrir le court, et une volonté d’aller vers l’avant quand l’échange le permet.
Ce qui manque encore? Lisser les bascules mentales sur le service, surtout après une faute directe. Les finales se jouent à la marge: une seconde balle plus lourde, une routine plus stable entre les points, et une ou deux zones de sécurité pour casser une spirale. La bonne nouvelle, c’est qu’Anisimova a déjà fait le plus dur: revenir dans le dernier week-end d’un majeur et livrer un deuxième set compétitif contre la joueuse la plus solide du moment.
Le public new-yorkais a eu ce qu’il aime: du bruit, de la vitesse et cette tension qui monte jeu après jeu. Sabalenka n’a pas vacillé. Elle a absorbé la poussée adverse sans s’énerver, a accepté les coups gagnants de l’Américaine, et a imposé sa loi quand les compteurs repartaient à zéro. On ne gagne pas deux US Open d’affilée par hasard. On les gagne parce qu’on connaît exactement quoi faire quand la balle pèse.
Au bout du compte, l’histoire retient une reine qui reste reine, et une prétendante qui progresse. Sabalenka repart avec un quatrième grand titre et la sensation d’un cycle bien ouvert. Anisimova, elle, s’offre un socle solide pour la suite: une finale à domicile, des séquences de très haut niveau, et une idée précise des ajustements à cocher pour que, la prochaine fois, la ligne d’arrivée soit de son côté.
Ce que cette finale change pour la saison
Dans la course aux grands rendez-vous, cette victoire fige un paysage. Sabalenka impose un standard: puissance maîtrisée, lecture du retour, calme au tie-break. Chacune sait désormais que, face à elle, il faudra tenir plus longtemps, choisir mieux, et accepter de jouer une balle de plus. Pour Anisimova, l’enseignement est clair: quand elle tient sa première balle et sa zone de revers, elle peut bousculer n’importe qui. Reste à coller ces pièces ensemble sur toute la durée d’une finale.